vendredi 26 janvier 2007

Quatuor Psophos, Parlement de Bretagne, 27 janvier 2007

Je n'ai pas assisté au concert. Mais je suis entrée, une fois encore, dans le Parlement de Bretagne. Un lieu historique. Un lieu hors du temps. Un lieu ...

Des tapisseries se détacheront peut-être un jour les cavaliers qui amèneront la culture dans ma banlieue ? Un peu cet éblouissement, un peu de cette splendeur...

J'ai beau y entrer régulièrement, je ne me défais pas de l'impression de dissonnance entre ce lieu et moi.

J'ai beau y entrer régulièrement, ni l'éblouissement, ni la splendeur ne me suivent dans ma banlieue. Pas réussi à faire bouger les cavaliers sur la tenture...

Salia nï Seydou et Ars Nova, 26 janvier 2007

C'est la rencontre entre 2 mondes...
Rencontre improbable, difficile, douloureuse vu les visages souvent crispés des danseurs.
Rencontre entre des danseurs burkinabés et les musiciens de l'ensemble instrumental Ars Nova, ensemble de musique contemporaine.
Rencontre incongrue : entrée en scène de blancs et de noirs mélangés, dansant côte à côte ; mais les blancs n'ont pas le physique pour danser... Et quand les blancs se mettent à jouer, les noirs n'ont pas les gestes pour danser. Leur danse est hachée, transpire l'effort, la volonté de s'approprier cette musique qui ne vient pas naturellement à eux, en eux, qui semble forcer le passage.
Et quand elle passe ! Le duo violon-danseur : j'ai vu la musique se tortiller sur scène, onduler, ondoyer ; je l'ai vue incarnée, dans un corps noir qui plus est, plus foncé que le bois du violon. La musique faite corps, bras, jambes, muscles parfaitement dessinés, rictus de souffrance et sueur qui éclabousse la scène. La musique qui se donne à voir à moi qui ne l'avais pas entendue...

... ça m'a bouleversée.
Cette rencontre de l'autre qui ne va pas de soi.
Cette effort à comprendre, à entendre, à danser. La musique contemporaine ? Le patrimoine européen. Celui qui ne vient pas naturellement à moi, celui qui force le passage.

Pärt, Mozart et Beethoven, Orchestre de Bretagne, 21 janvier 2007 à Muzillac

Je ne connaissais aucune des oeuvres jouées ce soir-là :
Arvo Pärt "Cantus in memoriam Benjamin Britten", 1977,
Mozart "Symphonie concertante pour flûte, hautbois, cor et basson", 1778,
Beethoven "Symphonie n° 4 en si bémol majeur op. 60", 1807.

Le public était heureux d'être au concert, et sa joie communicative.
La musique ?
Grave Arvo Pärt.
Dansant Mozart.
Festif Beethoven.
Et l'impression d'être entrée dans le vestibule du patrimoine musical européen, sur la pointe des pieds, profitant de la fête...

samedi 20 janvier 2007

Gilles Jobin, Double Deux - 16 janvier 2007

12 danseurs, 6 femmes et 6 hommes. Et une musique électronique aux rythmes obsédants (Cristian Vogel). Des couples qui se font, se défont, se mélangent, sans que ça n’aille de soi, avec des heurts, des chocs, des coups – de pied, de gueule -, des gifles , des chutes. Avec de la provocation, de l’arrogance (de la tendresse à peine), du sexe acrobatique, théâtral, et sidérant de vérité. Et puis ce cri final, ce cri muet, ce cri qui n’en finit plus de durer, vers l’autre qu’on n’atteint jamais, qu’on poursuit, qu’on combat, qu’on malmène, qu’on remplace, et qu’on appelle, qu’on rappelle, encore et toujours ?

J’ai aimé ces duos abrupts, qui montrent le corps à corps, la négociation, la bataille entre l’un et l’autre, et entre l’individu et le couple. Juste l’espace de la scène : le même espace pour le face à face et le face aux autres, les autres qui n’ont jamais une trajectoire parallèle, les autres qui déboulent, qui s’immiscent, qui séparent. Pas d’île déserte où vivre le couple en autarcie.
J’ai aimé la frénésie, l’urgence, le rythme qui disent bien le tempo de la vie ici et aujourd’hui.
J’ai aimé le kama sutra, magnifique et jouissif, virtuose, qui semble dire que le sexe (l’amour ?) est un art martial, et les membres du couple des adversaires qui se doivent de maîtriser les règles du combat. L'esprit du combat. Vous avez dit kata sutra ?