vendredi 9 février 2007

Cover, Rachid Ouramdane, jeudi 8 février 2007

Il s'agit du Brésil. Il s'agit de métissage.
Des hommes vont et viennent sur la scène, y posent ou prennent des objets : platine, baffle, ballon de foot, coupe (du monde ?)...
4 danseurs : 1 noir et 3 faux noirs, plutôt dorés que noirs d'ailleurs. Musique blanche : Sinatra, Rolling Stones, Joplin, the Smiths.
Pendant les solos, les autres danseurs continuent à aller et venir sur la scène, continuent à poser et reprendre les objets.
1er solo : un jeune contorsionniste nous montre l'étendue de sa souplesse. Drôles de sensations, aux frontières du malaise. Narcissisme, culte du beau, culte du corps ? Le corps, cet étranger... Elastique tendu et enroulé...
2ème solo : un homme en short et talons aiguilles, muscles saillants, brides détachées dont il se sert pour se mouvoir. Ou qui le meuvent, qui le régissent ? Pantomime. Auto-pantomime, puisqu'il est à la fois le marionnettiste et la marionnette. Le corps est d'homme. Les chaussures et la grâce de femme. L'équilibre est précaire : musique - talons aiguilles - brides. Ou brides - musique - talons aiguilles. Où est-il, où est-elle ? Hors du trio, hors du spectacle. Une fois déchaussé(e). Pieds nus.
3ème solo : le noir en transe. Puis le noir encagoulé. Le noir qui rit, qui crie, dans la même grimace. Sur "summertime" par Joplin. C'aurait pu être "strange fruit" par Holiday. Syncrétisme = métissage. Esclavage = métissage... mouais... C'est le seul danseur à ne pas être doré. Pas glamour d'être noir...
4ème solo : Ouramdane lui-même, doré en noir. "Bigmouth strikes again" des Smiths. C'est cet air qui m'est resté dans la tête d'ailleurs tout le reste de la soirée. Ouramdane donc danse, comme mon frère qui a oublié d'hériter du sens du rythme de nos aïeux. Ouramdane n'est pas brésilien, il n'a pas la samba dans le sang. D'ailleurs, ce n'est pas de la samba, mais du rock. Il s'applique. Il se soucie de son environnement. Il remet dans le vase la fleur que les autres danseurs n'arrêtent pas de sortir du vase. Puis reprend sa danse.
J'ai bien aimé que la musique s'arrête au moment précis où il voit la fleur parterre (toujours le même) et qu'il arrête de danser, et qu'elle recommence au moment où il recommence à danser. Ouramdane, le maître de la musique...
Voilà. Il me reste l'image de cet homme-chaussures, noir et doré, et les Smiths sur les lèvres.
L'impression bizarre de ne pas avoir tout vu, bien vu. D'être restée un peu en-deçà.
Le métissage, un carrefour. Mais je n'étais pas au bon...
Pour la partie noire-brésilienne, je préfère Carlinhos Brown.

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